Aller au contenu principal Aller au menu Aller à la recherche

L'Eglise Saint-Michel

Ignorée des ouvrages historiques comme des guides touristiques, anciens ou récents, l’église Saint Michel de Mesnil-en-Thelle est pourtant un édifice remarquable.

Construite au XVème siècle, cette belle construction se caractérise par la simplicité de son plan. Celui-ci, sans tran­sept et à chevet plat, est formé d’une nef (de 5 travées) flanquée de deux bas-côtés ayant la même longueur que le vaisseau central.

Sur l’angle nord-ouest s’élève, paré de gargouilles, un clocher barlong qui est resté inachevé. Le haut de ses contreforts présente une belle ornementation flamboyante.

La disposition de sa toiture n’ayant pas permis d’ouvrir de fenêtres hautes, l’église Saint Michel est seule­ment éclairée par les baies du chevet, une petite ouverture située au-dessus du porche occiden­tal et les verrières des bas-côtés. Il est curieux de constater que la clarté de l’édifice n’en est pas pour au­tant amoindrie.

La poussée des voûtes est maintenue par une série de contreforts. Quatre d’entre eux sont déco­rés d’une ni­che destinée à recevoir une statue. Ce sont deux des contreforts de l’abside et ceux encadrant l’entrée latérale.

Remarquons que les deux niches de l’abside ont leur base respectivement ornée d’un écu et d’un ange déployant un phylactère sur lequel on lit : «ama»

L’entrée de la façade occidentale étant condamnée, on pénètre dans le sanctuaire par le joli por­tail septentrio­nal.

Les proportions ont été si habilement calculées que, malgré ses dimensions en fait assez modestes, cette église, très harmonieuse, donne l’impression d’un édifice très vaste.

La nef fut gravement endommagée en juin 1940, lors des combats qui se déroulèrent sur l’Oise. Heureu­se­ment, une soigneuse restauration a effacé les outrages des obus.

Au dessus de la porte occidentale, un curieux tableau représente Véronique essuyant le visage du Christ. Pen­dant la dernière guerre, cette peinture fut apportée jusqu’ici, puis abandonnée, par les soldats allemands qui l’avait certainement volée plus au nord dans un lieu demeuré inconnu. Le collatéral sud abrite sous sa cin­quième travée, aménagée en chapelle latérale, la statue de Notre-Dame de Mesnil (XVIème siècle), magnifique objet d’art classé. Cette chapelle renferme encore une gracieuse pis­cine incrustée dans le mur méridional. A même le sol de la troisième travée, repose un important frag­ment de sculpture très ouvragé, récupéré lors des travaux de restauration qui suivirent le conflit de 1939-45 ; malheureusement il est assez dégradé.

Passons dans le bas-côté nord. Les fonts baptismaux à la datation incertaine, en occupent la pre­mière tra­vée. Sous la troisième travée, le fragment d’un beau chapiteau à feuillage a été posé sur le carre­lage ; et à 4,50 mè­tres du sol subsistent des restes d’une litre mortuaire (bandeau noir avec armoiries). Point d’appui des troisième et quatrième croisées d’ogive, en partie encastré dans le mur, un pilier octogonal à frise florale présente toutes les caractéristiques de l’art du XVIème siècle, donc un peu posté­rieur à l’ensemble de l’édifice. Comme le pilier octogo­nal signalé ci-dessus, trois des quatre piles qui s’appuient au mur du chevet, semblent appartenir à la même époque. Peut-être ces points d’appui sont-ils des vestiges d’une chapelle élevée en l’honneur de Saint Vincent à la suite d’un vœu de Jehan de Bel­mont : voir cesser la maladie qui ravageait alors les vignobles de la région. Détruite par un incendie, cette chapelle dédiée au patron des vignerons ne fut jamais remplacée.

Voyons les chapiteaux de ces trois piliers du chevet. Celui qui couronne la pile séparant le bas-côté nord du vais­seau central, montre une composition de grappes de raisin écussonnées et d’animaux (singes (?) et chiens), et sur son extrême-gauche un médaillon avec personnage. Le chapiteau de l’angle nord-est présente, lui aussi, un médaillon à figure humaine. L’un de ces deux médaillons représente peut-être Jehan de Belmont. Quant au pilier séparant la grande nef de son collatéral sud, il est surmonté d’un très curieux motif sculpté, représentant deux personnages tête-bêche en position horizontale : des grappes de raisin, ici aussi, complètent l’ornementation de ce chapiteau. Tel est succinctement décrit, ce joli édifice, trop peu connu, qui n’a qu’un défaut majeur : celui de se si­tuer dans une région très riche en belles églises.

Jacques et Roger Ouvrard